Digital Story Telling

Introduction

Cette méthodologie permet à des personnes qui ne sont pas habituées de prendre la parole dans l’espace public en créant de courts vidéos autobiographiques (1 min 30 à 3 min 30).

La production de ces vidéos se concrétise avec une série d’étapes simples à réaliser afin de favoriser une confiance en l’expression de ces personnes et la reconnaissance de leurs paroles. 

Le digital storytelling est un excellent outil à utiliser avec des personnes en situation de marginalisation car il amène ces personnes à s’exprimer au « je » dans un espace de confiance. Il permet aussi de reconnaitre l’expression de ces personnes en favorisant le partage des productions autobiographiques entre les participant.e.s et autres personnes de la société intéressées par les réalités soulevées dans ces vidéos.

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Description de la méthode

Chaque praticien.ne adapte – selon le contexte d’utilisation – le modèle de digital storytelling développé par le Story Center à Berkeley.[1] De manière générale, les histoires autobiographiques sont  produites lors d’un atelier de groupe qui est dirigé par une personne facilitatrice. L’atelier se déroule soit de manière concentrée, sur un, trois ou cinq jours consécutifs; soit sur plusieurs jours dispersés sur un à trois mois. Les principales étapes de production sont les suivantes :

1. CRÉATION D’UN CERCLE DE PARTAGE RÉUNISSANT PARTICIPANT.E.S ET PERSONNE FACILITATRICE –e des participant.e présente les premières inspirations de son histoire dans un cercle de partage constitué des autres participant.e.s de l’atelier et de la personne facilitatrice. Chaque personne présente au sein du cercle de partage commente les histoires de chacun.e. en soulignant autant les éléments qui leur semblent intéressants que ceux qui pourraient être améliorés.
2. SCÉNARISATION DES HISTOIRES DE CHAQUE PARTICPANT.E –e. Chacune.e des participant.e rédige un scénario de son histoire en tenant compte ou pas des suggestions offertes lors du cercle de partage (consultez l’exemple d’outil de scénarisation simple à utiliser)
3. ENREGISTREMENT DES HISTOIRES DE CHAQUE PARTICIPANT.E – Chacun.e des participant.e enregistre son histoire avec sa propre voix. Les enregistrements peuvent se faire seul.e, ou avec une autre ou d’autres personnes. Selon les budgets, on peut utiliser un appareil de type ZOOM ou encore un téléphone cellulaire dans une pièce calme.
4. PRODUCTION/RECHERCHE DES ÉLÉMENTS VISUELS ET SONORES PAR CHAQUE PARTICIPANT.E – Chaque participant.e produit et/ou sélectionne de sa collection personnelle les photos, les dessins ou autre collage qui illustreront son histoire. Chaque participant.e produit les sons d’ambiance et sélectionne les extraits musicaux de son histoire.
5. MONTAGE DES HISTOIRES DE/PAR CHAQUE PARTICIPANT.E – Les histoires de chaque participant.e sont assemblées sur un logiciel de montage par lui/elle-même ou par une tierce personne experte en montage. Plusieurs logiciels de montage gratuits et simple d’utilisation sont disponibles pour les ordinateurs MAC (iMovie), PC (Avidemux, OpenShot et HitFilm Express et pour le téléphone cellulaire (Magisto), notamment.
6. PRÉSENTATION EN GROUPE DES HISTOIRES DES PARTICIPANT.E.S – Les histoires de tou.te.s les participant.e.s sont montrées en groupe dans un moment qui se veut festif. Ce partage est souvent émotif et permet de continuer à tisser des liens entre les participant.e.s, la personne facilitatrice et/ou des personnes qui ont de l’influence sur la vie des participant.e.s tels que des travailleurs sociaux, des directeurs, des politicien.nes., des journalistes et autres personnes occupant des postes névralgiques et stratégiques dans la société.
7. CIRCULATION DES HISTOIRES DES PARTICIPANT.E.S – Les histoires des particpant.e.s sont partagées au sein de différents espaces personnels, collectifs et académiques.

[1] Source : https://www.storycenter.org.

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Contexte d'utilisation de la méthode

Le digital storytelling est principalement utilisé par des personnes en situation de marginalisation afin de favoriser leur expression et la reconnaissance de leur expression dans des espaces publics ou privés. Parfois, il est utilisé par des groupes en situation de marginalisation et les personnes qui ont une influence sur leur quotidien afin de faciliter un dialogue entre toutes ces personnes. 

Par exemple, Karoline Truchon (2016, 2014-chapitres 6, 7 et 8) a co-facilité des ateliers de digital storytelling dans un centre pour des jeunes et leur famille en contexte de logements sociaux en incluant des personnes qui ont une influence dans le quotidien de ces familles (intervenant.e.s, policiers/cières, directeurs/trices d’organismes communautaires, etc.). Aaron Goodman (2018) a pour sa part travaillé avec des personnes utilisatrices d’héroine à Vancouver afin que celles-ci puissent partager leur vécu sans le filtre d’intervenant.e.s

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Défis potentiels de la méthode

L’écoute, le respect et l’accompagnement des personnes impliquées dans la production et la diffusion d’histoires autobiographiques sont des éléments-clés qui façonnent la création d’espaces de confiance. L’écoute doit être centrée sur les besoins réels des participant.e.s.

Le respect de la parole unique des participant.e.s, donc contributrice de points de vue essentiels, est essentiel et doit être accompagnée par des actions qui soutiennent ces différences plutôt que de les lisser pour ressembler aux paroles d’autres personnes moins marginalisées de la société.

Enjeux éthiques de la méthode

1. Le premier défi est de ne pas instrumentaliser les participant.e.s en les amenant à dire ce qui serait « bon » pour l’organisme ou le collectif ou le groupe de chercheur.e.s qui organisent des ateliers de digital storytelling. Il faut faire émerger ce que les participant.e.s ont réellement envie de partager.

2. Le deuxième défi est de mettre en valeur des paroles de personnes qui ne sont pas habituées de prendre la parole dans l’espace public sans la dénaturer ou la lisser.